Du temps quand j'étais encore jeune et insouciant, comme tout bon guyanais qui se respecte je n'ai jamais visité le centre spatial guyanais CSG, et encore moins assisté à un lancement de la fusée (sinon depuis chez moi, le nez en l'air attiré dehors par un truc qui brille dans le ciel au loin... 'ah oui c'est ça, 2s et puis ?... je vais retourner devant Cote Ouest...' un brin désabusé par l'éphémère exploit). Et c'est effectivement assez curieux que la Guyane et les guyanais, ne se soient jamais intéressés de prêt à l'un des joyaux du pays; le carnaval, les télénovelas, et les morsures de chien font plus de lignes dans le canard local qu'Ariane – sauf la fois où Ariane 5 a explosé en plein vol-
Oui vraiment la fusée a du mal a s'intégrer dans l'espace guyanais, je comparerais ça à la sensation d' agacement du moustique qui viendrait troubler la douce sieste dans un hamac à l'ombre d'un cocotier.
Et je comprends ce désamour. Explication de texte.
Lorsqu'en métropole les média se font le relais du lanceur Ariane, on s'amuse du contraste saisissant entre l'immense foret vierge et la fusée vitrine des technologies de pointe. Sûr que le contraste entre la fusée-qui-valait-quelques-milliards et la situation socio-sanitaire-economique des guyanais est moins amusant. Pourtant il est là le fond du problème, la base spatiale n'apporte pas grand chose à la Guyane, il n'a pas beaucoup développé le tourisme spatial, il n'a pas permis de créer suffisamment d'emploi pour les locaux, il n'apporte aucune réponse aux questions d'immigration et le défi démographique, il n'a pas changé l'image dangereuse de la Guyane. Mais peut-être qu'il ne le peut pas. Et sûrement qu'il ne le souhaite pas. Bref, le CSG, c'est le club med à la sauce coloniale. Je ne pense pas changer d'avis avec l'implantation des lanceurs russes Soyouz et italien Vega (aura t'on les honneurs des visites de Medvedev, Berlusconi et Sarkozy?)
J'ai donc assisté au décollage d'Ariane V dans la salle Jupiter – réservée au VIP! Vous savez, la grande salle vitrée avec les ingénieurs, techniciens et big boss derrière la glace, et nous en train de regarder les écrans géants et les voyants verts (en espérant secrètement qu'un voyant passe au rouge pour voir la fourmilière s'agiter). Jupiter était donc remplie...de touristes métro, de quelques locaux, de chefs amérindiens habillés à l'occidental, des grands officiels guyanais en uniforme, et des gros clients d'Ariane Espace.
Les quelques minutes du décollage d'Ariane vu depuis les balcons de Jupiter étaient magiques ; on aurait dit un lâcher de lanternes chinoises en 'plus vite, plus haut, plus fort' ; imaginez vous un "kamehameha" dans la nuit noire, voilà c'est exactement ça!
Le prologue et surtout l'épilogue avaient moins de saveur, comme la double désagréable sensation de débandade et cirage de bottes, d'auto congratulation entre maîtres du monde, sans même un merci ou une référence pour la Guyane, la France ou l'Europe... Bref, un défi technologique mais surtout une sacrée bonne affaire commerciale !!
ps :
j’apprends 2 jours plus tard que un des deux satellites mis en orbite n’est pas tombé en marche…
« un coup d’épée dans l’eau comme on dit »*
* L’expression vietnamienne consacrée est : « c’est comme verser de l’eau sur la tête du canard »
car comme vous le savez, la tête du canard ne mouille pas
Coin coin
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