mercredi 22 décembre 2010

Pottery & Poetry

Je vous bassine avec la poterie dans ce blog !

Mais en attendant le déclic qui fera boom à mon article-enquête sur « la poterie Amérindienne en terre de Guyane », voici le texte d’un potier qui sait dire aussi bien qu’il fait qu’il est unique. (j'ai "acheté" -oooo quel mot vilain- quelques œuvres à lui, et je vous invite fortement à aller voir son site, son œuvre, sa vie : http://florentlemen.blogspot.com/) et moi aussi un jour je ferai ma cosmogonie potière.


« 
JE ME SUIS DEMANDÉ CE QU’EST RÉELLEMENT LA POTERIE CAR JE NE SUIS PAS FASCINÉ PAR ELLE.
AU DÉPART, TOUTE CHOSE TOMBE. DEPUIS LA FORMATION DE LA TERRE JUSQU’À L’EXISTENCE D’UN RUISSEAU, TOUT A UNE HISTOIRE DE GRAVITATION. L’HOMME AUSSI, MAIS C’EST UNE HISTOIRE DE BAGARRE, CAR IL A FAIM ET SOIF ET IL A PEUR QUE LA FAIM ET LA SOIF LE REPRENNENT ENCORE. ALORS IL SE MET À ORGANISER LE DÉSORDRE, À RASSEMBLER L’ÉPARPILLÉ, À CONSERVER CE QUI, CHAQUE JOUR, SE CHERCHE. C’EST UN VICE QUE NOUS PARTAGEONS AVEC LE CASTOR, LE PÉLICAN, L’OISEAU AUSSI, JALOUX DE SES ŒUFS, ET QUI CONSISTE À REFUSER QUE LA GRAVITÉ S’OCCUPE UNILATÉRALEMENT DE LA RÉPARTITION DES CHOSES SUR TERRE. LA POTERIE FÉTICHISE CE QU’ELLE CONTIENT PARCE QU’ELLE VOLE QUELQUE CHOSE À L’ATTRACTION TERRESTRE ET ALORS TOUT CE QUI SE CONSERVE DEVIENT UN BIEN. AINSI, L’EAU DEVIENT PRÉCIEUSE, C’EST QUE NOUS NE LA LAISSONS PAS COULER. C’EST COMME ÇA, CE QUI SORT DU CHAOS POUR SE RÉPARTIR CHANGE DE NATURE. DANS UN BARRAGE, L’EAU DEVIENT ÉNERGIE. ET DANS LE BOL AUSSI. VOILÀ COMMENT NOUS APPAUVRISSONS LE MONDE SOUS LE SOLEIL. FAIRE ADVENIR LE PRÉCIEUX, N’EST-CE PAS APPAUVRIR TOUT LE RESTE ?
ET POURTANT, TENEZ, IL Y A LÀ UNE IDÉE, UN DESSIN, UNE IMAGE, UN PHANTASME. VOUS AIMERIEZ LE SAISIR MAIS CELA FILE ENTRE VOS DOIGTS ET VOUS LAISSE PAUVRE CAR VOUS AVEZ PERDU VOTRE MÉMOIRE DANS CE BOL QUI CONTIENT VOS RICHESSES. VOUS VOYEZ CES CHOSES QUI N’EXISTENT QUE DANS LES CIRCONVOLUTIONS DE VOTRE CORTEX ? ELLES SONT SI BONNES ET POURTANT SI FRAGILES ! IL Y A CERTES POUR ELLES CE LIEU ÉTRANGE, AU DESSUS, OÙ TOUTE CHOSE SE RÉPAND COMME LE LIERRE ET DISPARAÎT AUSSITÔT. ON L’APPELLE INTERNET, AVEC UNE MAJUSCULE ET SANS ARTICLE, COMME DIEU. ET, COMME LUI, CE MONDE D’IDÉES EST UN RÊVE OÙ TOUT SE TRANSFORME SANS CESSE, TOUT S’ÉVAPORE AUSSI POUR LAISSER PLACE À UN AUTRE DÉLIRE, ET ÇA RESSEMBLE À LA NUIT.
IL EST AUSSI UN MONDE EN DESSOUS, OÙ LES BIENS SE CONSERVENT JALOUSEMENT ET SE CONCENTRENT TOUJOURS PLUS, OÙ CE QUI EST INSIGNIFIANT S’ACCUMULE AVEC FERVEUR ET NOUS SAVONS POURQUOI. QUELQUE CHOSE A BOGUÉ DANS LA DEUXIÈME LOI DE LA THERMODYNAMIQUE ET LE MONDE S’EST SÉPARÉ ENTRE LA NUIT QUI DISPERSE SES ENFANTS ET LE JOUR QUI LES MET EN RANG.
JE VOULAIS DESSINER MAIS LE PAPIER ME FAISAIT PEUR, ET ON NE COMPREND PAS BIEN CELA. C’EST QUE CETTE PEUR N’ÉTAIT PAS LA MIENNE MAIS CELLE DE MA MAIN ET DES TRAITS QUI SE BOUSCULENT EN ELLE. MAIS OUI, QUEL DESSIN VOUDRAIT SE RETROUVER PRISONNIER D’UN SUPPORT SI PAUVRE. IL VOLE, IL BRÛLE, MAIS SURTOUT IL SE PERD. LÀ, DANS DES CARTONS OU DES TIROIRS QU’ON N’OUVRE JAMAIS. ALORS LE DESSIN REFUSE ET NOUS ENVOIE CE QUI S’APPELLE L’ANGOISSE (LE PAPIER EST AU DESSIN CE QUE LA MASTURBATION EST AUX GAMÈTES) ET VOUS CROYEZ QUE CETTE PEUR VOUS APPARTIENT. C’EST QUE LES IDÉES SE SERVENT DE NOUS ET NON L’INVERSE ET COMME TOUTE CHOSE ELLES CHERCHENT À SE REPRODUIRE ET À SE CONSERVER. CERTAINES SONT AMBITIEUSES ET ESTIMENT QUE LA TÉLÉVISION OU LES PANNEAUX PUBLICITAIRES SAURONT MIEUX QUE TOUT AUTRE SUPPORT LEUR ASSURER LA PLUS BELLE DESCENDANCE. SE TROMPENT-ELLES ? D’AUTRES SONT PARASITES ET SE FIXENT SUR L’OBJET POUR BÉNÉFICIER DE SA PUBLICITÉ. VOILÀ CE QU’EST UN DÉCOR. CERTAINES ENCORE SONT PEUT-ÊTRE UN PEU IDIOTES QUI GERMENT DANS L’ESPRIT D’UN POTIER ET SE PRENNENT POUR DES POMMES, DES FLEURS OU LE CONTENU D’UNE POCHE. ELLES DÉBORDENT LA SURFACE D’UN POT POUR DEVENIR SON CONTENU. VOILÀ UN SUPPORT BIEN CONFORTABLE. ALORS, ÉTRANGEMENT, LA MAIN N’HÉSITE PLUS, LE DESSIN N’A PLUS PEUR. CAR IL CROIT AINSI SORTIR DE LA FOULE DES RÊVES QU’ON OUBLIE POUR DEVENIR UN BIEN QUI SE SAIT À L’ABRI, AUSSI LONGTEMPS QUE PEUT VIVRE L’OBJET QUI LE CONTIENT.
»  Florent Le Men 


dimanche 5 décembre 2010

[interdit -12 ans] ZOUK machin

Longtemps je me suis couché de bonne heure. Ca aurait pu faire la matière d’un très bon livre, mais mon sujet est tout autre aujourd’hui. Puisque je me suis couché à pas d’heure.

Adoncques samedi soir, je suis allé au « all stars Zouk festival 2010 », dont voici une misérable photo (ben oui j’allais pas m’embarrasser d’un gros appareil dans mon pantalon pendant que je me trémoussais de ton mon long et de tout mon large comme un lombric épileptique)



Une bonne soirée où la crème de la crème de la scène Zouk de l’année presque écoulée s’échinait à mettre le feu à la salle pendant que dehors une averse tropicale circoncisait l’incendie naissant. Cette soirée m’aura permis de faire le point sur ma compréhension du phénomène social "zouk" – sinon, des gamines se sont amusées toute la soirée a tourner autour de moi et à se frotter à moi (vous aller comprendre pourquoi, dans la suite) après les avoir un peu chauffé, je les ai calmé dans leur ardeur pré pubère. Les photos vont se retrouver sur leurs facebooks à coup sûr -_-

Pour comprendre le Zouk, il ne faut pas forcément être natif des îles. Je vais casser quelques lieux communs, si vous en avez sur cette « danse d’esclave où l’animalité le dispute à la sexualité dans un chant de transe où il est question de ‘doudou’ et de ‘pti bo’» .

  1.     Le zouk n’est pas une danse traditionnelle des Antilles ou de la Guyane ou de la Réunion
Et non, le zouk est né, aller disons, dans les années 80. Il est donc très récent, et ne doit pas effacer les danses traditionnelles que sont le kaséko ou le grajé par exemple.
J’ai une adresse pour aller voir/danser quelques rondes traditionnelles guyanaises, mais (et oui ce sempiternel Mais) la salle se trouve dans le quartier le plus chaud et malfamé de Cayenne, j’ai nommé la ‘Crique’ alias le ‘village Chinois’ alias ‘Chicago’ alias le coupe gorge… qui vivra verra



     2.  LE zouk n’existe pas, mais plutôt LES zouks

Du zouk, vous vous rappelez certainement des groupes Kassav, Zouk machine ou Franky Vincent… et de leurs tubes qui vous évoquent immanquablement le soleil, l’exotisme, la banane… et pourtant, serez-vous en mal de me définir le Zouk comme chant et comme danse, que je vous rejoindrai. Quels sont les caractéristiques du Zouk…    

- Le collé-serré à évocation sexuelle explicite? Certes plus cru que le tango, moins léger que la lambada, moins solitaire que la Shakira, bien différent du slow tellement sage adolescent… le collé-serré n’est pas la règle

- Le parlé créole ? même pas ! Si à l’origine du zouk les langues créoles ont été la règle, aujourd’hui et la mondialisation et l’industrie musicale font que le zouk se chante beaucoup en français bien métropolitain du 93, parfois avec des traductions en créole aseptisé, et aussi de l’américain pour faire comme K-maro. Les chanteurs zouk ne sont pas forcément ultramarins (mais je crois qu’ils sont tous noirs).

- Les rythmes endiablés ? bien difficile de définir aujourd’hui le zouk comme entité musicale tellement les métissages et cross over sont fréquents: le zouk se décline en zouk love,  zouk RnB, zouk reggae, zouk rap, afro-zouk, …  
   
-  Les thèmes évoqués ? Je vous vois venir avec votre gourdin, « le zouk ce n’est pas de la chanson à texte ».  Je concède, mais on ne demande pas à Babar* d’être autre chose qu’un éléphant bipède humaniste en costume vert avec une couronne sur la tête. Et tout comme Babar, le zouk ça trompe énormément.  Car si les thèmes de l’amour et de la fête sont invariants, ils se déclinent parfois  avec beaucoup de finesse, s’illustrent avec force jeux de mots et images cocasses, et toujours sont tellement proches de l’irréalité locale.

*Je m’excuse auprès de Babar que j’aime beaucoup.

Alors, maintenant, est-ce que la « compagnie créole » c’est du zouk pour vous ?

 Voici quelques liens YouTube de Zouk  :D  pour attraper un coup de soleil, pour vous faire une idée de ce que j’écoutais et de ce que j’écoute actuellement (et que j’adooooore, écoutez bien les paroles sont en or ).



jeudi 2 décembre 2010

into the wild - sur le toit de la Guyane (ou presque)

Si la Belgique n’existait pas, je pense que c’est la Guyane qui mériterait d’hériter du sobriquet de « plat pays ». Mais la foret guyanais habille cette platitude aussi habilement que la moumoute donne du relief à un crâne d’œuf, aussi la Guyane ne sera jamais la Belgique (ouf une fois)

Malheureusement pour nous, « c’est l’arbre qui cache la foret » ; les anciens de tout temps et en tout lieu l’ont répété, et les anciens n’étaient pas des nigauds. Les arbres qui font cette foret sont si hauts et tellement nombreux, et le pays si plat, qu’il n’est possible d’embrasser la foret dans toute sa splendeur que très occasionnellement.

depuis n'importe quelle route, la foret se présente comme 2 murs contraignant l'horizon à un couloir  bleu

Justement, cette occasion s’est présentée et s’appelle un « inselberg » :o) qui permet de prendre de la hauteur. En bon français, « inselberg » se traduit par « île-montagne » qui vous donne tout de suite l’image  d’un massif rocheux transperçant la mer de foret. Il faut relativiser tout de même, l’inselberg le plus haut de Guyane culmine a 700m, il n’y a pas de neige ni de station de ski.
Les inselbergs sont rares et sont généralement situés en plein cœur du pays, donc inaccessibles.
Mais celui sur lequel je suis monté (300m) n’est pas trop loin, seulement à 350km en voiture de chez moi, soit presque 6h de route dont la moitié en 4x4, et 1 journée de marche en foret. Cet inselberg n’a pas de nom que je sache, et se trouve pas trop loin des plus belles cascades accessibles de Guyane, j’ai nommé les chutes Voltaires!

en saison sèche, y'a pas trop d'eau... 

...mais suffisamment pour se rafraîchir au milieu des oiseaux et des poissons 

Il a fallut crapahuter presque 1J à travers un sentier à peine marqué, dans la foret pour arriver à cet inselberg encore relativement épargné par le tourisme. Cette foret est remarquable, car en certains endroits, il suffit d’enlever les quelques centimètres d’humus  pour découvrir que ces arbres immenses ont poussé sur du sable blanc ! Les rencontres dans cette foret ont été assez pittoresques : je me rappellerai toujours d’avoir croisé Patrick Bruel (alias le Jaguar), ou plutôt ses crottes (certifiées par le guide)

le Jaguar, animal totem de la Guyane

 Enfin sur la dalle brûlante de l’inselberg, à la tombée du jour, avec un punch au bord des lèvres… je me régale de la vue en compagnie de la pleine lune, de singes hurleurs, d'une myriade d'oiseaux, d’un couple d’aras et de crapauds buffles. Le soleil s'est couché, Dieu que la Terre est belle quand je bois!

la dalle de granite de l''inselberg qui surplombe la canopée


la dalle est pentue, c'est un peu dangereux surtout là où les sources affleurent
je suis rond et la Terre aussi

la dalle reste chaude tard dans la nuit fraîche 
"mes nuits sont plus belles que vos jours"
au petit matin, la forêt est encore dans ses vapeurs